Prière de ne pas jeter de pierre sur votre ex dictateur

Si les dictateurs ne pensent jamais à leurs retraites, c'est tout simplement que ce job est si captivant que peu d'entre eux arrivent à arrêter de travailler et ce malgré un âge avancé.
Quand ils n'ont pas la chance de mourir bienheureux dans leurs lits, ils sont souvent poussés, par leurs concitoyens ou par le cours des évènements, à un départ anticipé.
Mais tous n'ont pas la chance de pouvoir se réfugier en France dans leur château à l'instar d'un Bokassa ou encore dans leur luxueuse villa Suisse comme Mobutu (Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Bangamom, pour les intimes). Pour certains c'est retour à la case (nous parlons ici de "la case" en tant qu'habitation et non de "la case", mais ça nos lecteurs attentifs l'on sûrement bien compris) de maman, sans job, sans passer par le start et bien sûr sans toucher le jackpot qui va avec.

LA véritable Disco-révolution!



Il était jeune...Il était beau...Il sentait bon le sang tout chaud... Mon Valentine Strasser...

Comme tout le monde le sait il existe des pays voire des régions du globe dont tout le monde s'en fout où les dictateurs se succèdent tel les saisons. Valentine Strasser fut l'un d'eux, il régna en maître sur la Sierra Leone pendant quatre ans avant d'être chassé du pouvoir par un coup d' état. Il reste malheureusement peu de témoignages de cette époque troublée, c'est pourquoi la rédaction de "La Vie Secrète des Dictateurs" est fière de vous présenter des montages photoshop tout pourris des Polaroïds originaux ainsi que des interviews fabriqués de toutes pièces EXCLUSIFS!

Arrivé au pouvoir en 1992 à l'age de 25 ans un peu par hasard parce qu'il était le meilleur et que ses co-révolutionnaires pensaient qu'il était facilement manipulable le plus sage et le plus intelligent. Avant le coup d'état Valentine était capitaine dans l'armée surtout connu pour gagner tous les concours de disco auxquels il participait. Nous avons mis la main sur une photo d'une de ces folles soirées et JOHN TRAVOLTA(!!!!) lui même, en personne, a accepté de commenter le style inimitable de Strasser.



Valentine, King of the Dancefloor (Freetown, 1990)
John Travolta: "Ce gamin à tout pigé! La posture bien cambrée vers l'avant, le bras levé triomphalement! Mon dieu je suis ému, il a sûrement dû voir mon célèbre film "Saturday Night Fever". Observez bien son jeu de jambes... Du moi tout craché! Dommage que l'on ne puisse pas apercevoir ses pieds, je suis sûr qu'il devait porter des chaussures de danse à talon en l'honneur de ma magnificence... Bon, changeons de sujet. Vous n'avez jamais songé à tout ce que la Scientologie© peux apporter à vos vies?"

Pour Strasser l'histoire aurait pu s'arrêter là et il aurait été connu uniquement pour ses faits d'armes, de danse voir les deux en même temps. Mais l'année 1992 marqua un tournant décisif dans sa jeune existence. Alors que la guerre civile faisait rage, lui et une poignée de ses potes commençaient à trouver que le dictateur président Joseph Saidu Momoh (arrivé au pouvoir en étant le seul candidat d'un parti unique démocratiquement élu dans la joie et l’allégresse) ne les payaient pas assez bien. Ils formèrent le"Conseil National Provisoire du Gouvernement" (NPRC) et le 29 avril ils lancèrent leur opération de putsch nommée "Daybreak" (pourquoi? Parce que ça claque sa mère mon coco! c'est beau). L'opération se déroula à merveille: Ils pénétrèrent simultanément dans le bureau du président situé au centre de Freetown (Capitale de la Sierra Leone) et dans sa luxueuse villa aux abords de la ville. Momoh (j'adore ce nom) fut trouvé planqué dans sa salle de bain en peignoir assis calmement un verre de scotch à la main. De suite il fut attaché puis mis de force se rendit aux soldats dans le plus grand calme puis embarqua de lui même dans un hélicoptère direction la Guinée.

Le Règne, la Décadence, les Pierres...

Un homme de goût (Freetown, Kabasa Lodge, 30 avril 1992)

Tout commençait bien pour notre ami Valentine Strasser: ces condisciples putschistes surnommés par la population "the boys"(car ils étaient tous âgés de moins de 30 ans c'était des mecs cool) le mirent à la tête du nouvel état car, comme je vous l'ai déjà dit: ils le pensaient manipulable à souhait c'était un mec ultra cool. Mais aussi un des rare à savoir s'exprimer dans un anglais correct et donc le seul à ne pas avoir l'air d'un guignol quand il fallait lire un discours à la radio. Le pays allait renaître, la jeunesse fut mobilisée pour garder Freetown propre et les murs se parèrent de murales à la gloire du régime et de Strasser (surtout de Strasser).
Mais la guerre contre les rebelles faisait toujours rage. Heureusement La Sierra Leone est riche en diamants (ce qui explique pourquoi beaucoup de ses anciens dictateurs présidents s'en mettaient pleins les poche puis pliaient bagage), de plus le cousin d'un des révolutionnaires, ayant des contacts avec un trafiquant d'arme Ukrainien, le pays se trouva alors enseveli sous le flot d'armes tout droit sorti des entrepôts de l'ex-URRS.

Happiness Is A Warm Gun! (Freetown, Mais 1992)

Mais une guerre ne se gagne pas uniquement en achetant des armes et malheureusement pour le NPRC consommer des substances illicites en restant assis à ne rien faire n'était pas une stratégie viable sur le long terme. En octobre, la ville minière de Koidu tomba aux mains des rebelles du RUF  (Front Révolutionnaire Uni, probablement financé par le rappeur DMX) et tout commença à se casser la gueule aller pour le mieux.
Pendant ce temps le NPRC annonça avoir découvert un complot visant à renverser notre cher Valentine. Celui ci ordonna donc une sympathique exécution sommaire sur la plage ou parents comme enfants pouvaient venir s'extasier devant l'efficacité des armes et munitions soviétiques. Peu après le massacre de ces traîtres à la nation (29 au total) On découvrit qu'en fait ils étaient innocents. Valentine ordonna donc en toute logique une période de deuil national.  Face au protestations, un certain Strasser lui même commentera le massacre par un laconique: "Au Texas y descendent des gens tout les jours alors vous savez 29 types..."

Pierre Dupond Solomon Margai un clochard trouvé au hasard d'une ruelle sombre habitant de Freetown à l'époque des faits nous raconte:
" Moi j'trouve ça bien tu vois, à l'époque on savait faire la justice pas comme maintenant avec toutes ces saloperies de (insulte à caractère homophobe) et tous ces sales (insulte à caractère raciste) en plus y'a tous ces (borborygme incompréhensible sans doute raciste) Pis toute façon j'y suis jamais allé à Freetrucmachin J'y ai passé toute ma vie mais je n'ai rien vu de l'incident car j' étais malade au moment des faits. Hey tu files pas le fric convenu? Ouais ben va (suggestion d'aller copuler avec notre propre génitrice)!"


Sierra Leone octobre 1992
(allégorie)



Strasser profita de son règne pour imposer deux nouveaux congés: La fête d’anniversaire de Bob Marley et le 14 février jour de la St Valentin (faire de la journée qui porte son nom un jour de fête c'est quand même pas donné à tout le monde). La Junte se portait bien, vouait un culte à Michael Jackson et fit donc ériger une immense statue en son honneur dans la baie de Freetown. La statue ayant été construite en plâtre elle ne résista que quelques minutes heures avant de se dissoudre dans l'océan.
Cette adulation du roi de la pop toucha aussi la population civile de plein fouet. La majorité des filles essayèrent de reproduire le "Miracle Jackson" sur elles-mêmes à l'aide de nombreux bain d'eau de javel et autres joyeusetés toxiques; ce pour gagner les faveurs des dirigeants de la junte. Il a même été rapporté que certaines s'enduisaient le corps de colle forte avant de se jeter dans des sacs de farine, une information que nous devons encore vérifier. D'après certains témoins, le pays prit une allure exotique et on raconte que dans certaines villes on avait même l'impression "d'être en suède" les jours de marchés.

"C'est beau! Mais dites moi, je vois comme une trainée blanche sur la mer..."
Strasser Valentine lors de l’inauguration de la statue

Valentine s'installa dans la Kabasa Lodge, ancienne demeure construite par un des nombreux dictateurs avant lui (il s'agit de Siaka Stevens qui s’intéressât plus aux diamants qu'à son pays. Mais qui le lui reprocherait voyons! Le peuple est ingrat, fourbe et sans pitié. Autant s'occuper de soi, c'est plus facile et personne ne viendra vous engueuler si tout va mal). Dans cette fastueuse demeure se déroulèrent des orgie digne de Rome et ce d'après des témoins peu fiables et ravagés par la drogue des gens biens sous tous rapports. Complètement obnubilé par ses fêtes sans fin, Strasser oublia un petit détail: Le pays était toujours en guerre.

Mais avant de parler brièvement de la guerre laissons la Parole à Hugh Hefner, Invité VIP d'une de ces soirées:
"Ha je me souviens de ces soirées chez Vava. Quel boute-en-train! Il avait toujours le meilleur champagne millésimé, la meilleur dope, les meilleurs vannes... Je tiens à préciser je n'ai jamais pris de drogue, c'est mal et personne ne devrais jamais en prendre! Mais la vraie attraction de la soirée c' était les filles bien sûr! Je me souviens encore de ces suédoises noiraudes... Je n'ai jamais pu en trouver des comme ça par la suite et pourtant je suis allé plusieurs fois en Suède pour tenter d'en dénicher une pour mon célèbre magazine (Ndlr: celui dont le symbole est un Oryctolagus cuniculus à moins qu'il ne s'agisse d'un Sylvilagus bachmani, rien n'est moins sûr). Bon il faut que je vous laisse, j'ai des organisations anti-vaccination à financer moi!"

Orgie à la la Kabasa Lodge
(allégorie)


Passons maintenant à la guerre: c'est chiant, y'a des gens qui meurent et c'est triste. Mais essayons de résumer ce qui c'est passé en Sierra Leone ces années là. Tout d'abord, il y a les "gentils" (le NPRC, parti de notre vieil ami Valentine Strasser), les "méchants" du RUF et au milieu comme dans toute bonne guerre qui se respecte on trouve les civils (bande de poltrons pleurnicheurs même pas foutus de se défendre). Au début tout allait bien, les troupes du NPRC tapait allègrement sur les unités du RUF tout en essayant de protéger les civils. Puis les troupes du NPRC eurent quelques problèmes de communication avec leurs hauts gradés (occupés à faire la fête et construire des statues géantes en plâtre). Ils ne firent donc plus grand chose et le RUF en profita pour taper sur les civils et les piller par la même occasion (dans la joie et la bonne humeur, cela va de soi). Les hommes du NPRC qui s'ennuyaient ferme décidèrent d'imiter leurs copains et commencèrent à attaquer et piller (tout aussi joyeusement que leurs ennemis) les population civiles. Ces mêmes populations nommèrent alors leurs ancien alliés (les soldat du NPRC pour ceux qui dorment au fond) des "sobel", contraction de "soldier" et "rebel".
Un matin ou Strasser et les autres membres du gouvernement du NPRC se réveillaient dans les bras de prostituées de femmes tout à fait respectables avec une immense gueule de bois frais comme des gardons, il s’aperçurent que c' était le foutoir dans le pays tout ne se passait pas comme prévu.

Employez un graphiste pour faire un schéma explicatif de la situation en Sierra Leone entre 1992-1996
et payez le avec de l'herbe, voilà le résultat.

La suite est assez compliquée, un peu comme expliquer à un gamin trop curieux comment on fait les bébé. Bon... Comment je continue la suite de mon article moi! C'est une situation vraiment pas facile à expliquer quand même! Alors c'est le papa qui met une graine dans le jardin de maman et neuf mois plus tard...
Les rebelles prenaient de plus en plus d'assurance, s'emparant de site stratégique minier privant ainsi l'état d'une précieuse source de revenus. Rien ne semblait pouvoir stopper les hommes du RUF, ils capturèrent même la ville de Moyamba rendant une attaque directe de Freetown plus que plausible.
Les routes n'était plus sur et le NPRC commençait à devenir impopulaire ne perdit en rien de sa superbe grâce à une gestion parfaite de la situation. Car Strasser eut alors une idée de génie, faire appel à des mercenaires.
En 1995, c'est à la compagnie Gurkha Security Guards (GSG) que le gouvernement choisi pour entrainer son nouveau corps d'armée, la Sierra Leone Commando Unit (SLCU). Cette bande de bras cassé fière équipe était menée par l'ex-major de l'armée U.S. Robert MacKenzie qui avait combattu au Vietnam avant de se lancer dans le lucratif métier de mercenaire (une solde de merde d'un côté et des diamants de sang tout à fait clean de l'autre. Qu'auriez vous fait à sa place? Hein?).
Le (fraîchement nommé) Colonel MacKenzie ne fit pas long feu, suite à une embuscade dans la jungle, lui et l'aide de camp de notre cher Valentine furent abattu comme des lapins tués malgré la résistance héroïque qu'ils opposèrent à l’ennemi. A l'instar de nos amis léporidés, MacKenzie et l'aide de camps auraient fini à la broche, une pratique très en vogue dans la régions en ce temps.



Carte complètement fictive historiquement exacte de la situation en Sierra Leone en 1995

Le mystère plane quant à la vraie raison de la mort de MacKenzie: Trahison du NPRC, incompétence généralisée manque d'entrainement des soldats présents lors de l'attaque. Toutes les pistes restent ouvertes.
Valentine Strasser ne s'est pas laissé intimidé pour autant, il fit appel à des mercenaires tout droit venu d'Afrique du sud. Ces derniers, payés en concession de diamants de sang et en cash pour un ridicule montant de 35 millions (un tiers du montant alloué à la défense par  le gouvernement le reste servant à payer la coke, les putes et les tables de blackjack), parvinrent à ramener un semblant de la paix dans le pays, les combats cessèrent et plus d'un million de personnes déplacées purent retourner chez elles. Alors que tout semblait aller pour le mieux, un des proches de Strasser allait contribuer à sa chute, son nom: Julius Madda Bio.

Julius Madda Bio lui même, fausse affiche électorale

 Non content d'avoir un nom de famille ridicule formidable Julius avait aussi de l'ambition. Il était lassé du régime tyrannique et des orgies perpétuelles prises de positions de son leader. Selon ses dires, il voulait une démocratie et vite. Suivant à la lettre la longue tradition dictatoriale, il monta un coup contre valentine Strasser. le 16 janvier 1996 ce dernier fût piégé par ses propres gardes du corps, attaché, puis mis dans un hélicoptère direction: la Guinée Conakry (une tradition locale, semble-t-il).
Madda Bio, quant à lui, fit de son mieux pour instaurer une démocratie et quitta le paysage politique. En 2005, il s'inscrit au Sierra Leone People's Party (SLPP) où il poursuivra son ascensions. En 2011, il prit la tête du parti et se présenta en 2012 au élection présidentielle de la Sierra Leone ou il n'obtint que 37% des voix.
Histoire de prouver que certaine vieilles habitudes ont la peau dure on notera qu'en 2007 il aurait déclaré vouloir renverser le gouvernement si l'APC (partis concurrent) gagnait à nouveau les élection. Il révéla que la citation avait été sortie de son contexte ce que font souvent les hommes politiques et dira qu'il prendrait le pouvoir uniquement si la situation de 1992 en Sierra Leone se répétait.

Il semblerais que l'article s' écarte de son sujet

Mais que devint Strasser me diriez vous? C'est très simple, avec l'aimable complicité des Nation Unies, il obtint une bourse à l'Université de Warwick en Angleterre. Il ne passât que 18 mois à l'université avant d'abandonner faute d'argent, nous le soupçonnons qu'il aie été encore habitué à un style de vie décadent où il ne lésinait pas sur le champagne et les femmes de petites vertus. Suite à son départ de l'université il prit le nom de Reginald parce que c'est un nom super $wag (dans le but d'éviter la presse et de potentiel ennemis) et s'installa à Londre. Comme chaque bonne chose à une fin, son visa étudiant expira et il fût déporté dans son pays d'origine.
Le retour en Sierra Leone fût lamentable triomphal, il n' eut pas droit à une confortable maison et des gardes du corps comme c'est la "coutume" pour tout ancien chef d'état Sierra Leonais. Mais restant modeste il avait toujours voulu résider dans sa propre maison, en face de celle de sa maman. Malheureusement pour des raisons plus ou moins justifiées inconnues, elle fut réduite en cendre par une foule de soldat en colère en 1999. Il fut donc contraint de retourner habiter chez sa génitrice.
Occupant ses journées à boire du vin de palme et parcourir Freetown à pied comme un sale pauvre, Valentine rêve de se présenter au élections présidentielle. Malgré sa faible son immense cote de popularité le gouvernement Sierra Leonais dût lancer une gigantesque campagne nationale baptisée "C'est pas gentil de caillasser votre ex-dictateur". En effet, les gens ayant une fâcheuse tendance à lui jeter la première pierre tout ce qui leur passait à portée dès qu'il l’apercevait.
Le règne ultra court de Valentine Strasser avait commencé avec des cailloux prisés de toute la planète et se finis avec de vulgaires pierres que l'on peut trouver sur le bord de n'importe quel chemin, c'est poétique comme fin. J'en ai presque la larme à l'oeil.
Projet pilote de panneau anti caillassage d'ex-dictateur, Freetown 2001.

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